L’hôpital de Moutier pourrait se spécialiser dans la psychiatrie et devenir interjurassien. C’est ce que laisse entendre un rapport récent, selon une information de la RTS diffusée vendredi. Le document que la chaîne de télévision a pu se procurer émane d’un « groupe de travail intercantonal, constitué de professionnels de la santé des hôpitaux du Jura bernois et du Jura ». Le nombre de lits pour les soins aigus serait réduit à maximum 15 et ceux de l’EMS à 60, ce qui permettrait de faire place à plus de 100 lits dédiés à la psychiatrie pour toutes les générations.
Atteindre la masse critique
Cette option repose sur le constat que les deux régions ne disposent pas de la masse critique pour mettre en place une structure psychiatrique efficiente. À cela s’ajoute le fait que la clinique de Bellelay ne répond plus aux besoins actuels. Ce dernier point avait déjà été évoqué par la direction de l’établissement par le passé.
Une transition possible en 3 à 5 ans
Si le projet devait voir le jour, la capacité d’accueil de l’hôpital de Moutier augmenterait. La RTS précise que cette nouvelle structure accueillerait des patients du Jura bernois et du Jura et serait gérée par les deux cantons. Elle ajoute que cette proposition « n’évoque pas la Question jurassienne et n’a rien de politique puisqu’elle émane de professionnels de la santé, de directeurs médicaux, de médecins et d’infirmiers chefs ». La chaîne conclut en expliquant que les gouvernements cantonaux doivent à présent prendre position sur ce projet et éventuellement dégager un budget pour l’analyser en détail. En cas d’accord, le rapport évoque une mise en œuvre possible en 3 à 5 ans.
Une diffusion d'informations confidentielles qui nuit à la recherche de solutions
Le Conseil-exécutif a réagi vendredi en début d'après-midi par le biais d'un communiqué. Il « condamne la diffusion du rapport du groupe de travail intercantonal, avant même que les deux gouvernements puissent en prendre connaissance et se prononcer sur les pistes proposées ». Il précise encore que « l'objectif du gouvernement bernois reste de maintenir l'offre de soins somatiques et psychiatriques dans la région ». Selon lui, « les pistes proposées devront aussi tenir compte des francophones du reste du canton de Berne, en particulier ceux de Bienne ». Le Conseil-exécutif déclare enfin qu'il « s'abstiendra de commenter des pistes qui n'ont même pas encore été consolidées et présentées par le groupe de travail, ni même été validées définitivement par le conseil d'administration ».
Le son de cloche est le même du côté du canton du Jura. Contacté, le Gouvernement condamne également la fuite de ce rapport dans la presse. Le ministre de la santé, Jacques Gerber, a estimé qu’il n’était pas normal de perturber le travail du groupe intercantonal. Comme son homologue bernois, l’exécutif jurassien indique qu’il n’a pas encore reçu le rapport en question et qu’il ne peut donc pas prendre position pour le moment.
En ce qui concerne le directeur de l'hôpital du Jura bernois, Dominique Sartori, et le président du Conseil d'administration, Anthony Picard, ils n'ont pas répondu à nos sollicitations pour le moment. Les responsables de l’Hôpital du Jura ne font, de leur côté, aucun commentaire. Le porte-parole de l’H-JU, Olivier Guerdat, nous a indiqué que les deux directions et conseils d’administration faisaient partie du groupe de travail intercantonal et qu’ils étaient soumis à une clause de confidentialité. /ast-alr