La damassine risque de se faire très rare cette année. Même pas sûr d’ailleurs que de l’eau de vie estampillée « 2020 » sorte des distilleries ajoulotes. La faute au retour des gelées matinales cette semaine alors que les arbres étaient déjà en fleurs. « Une floraison dès le 20-21 mars, je n’ai jamais vu ça de ma vie », souffle Alain Perret, le patron des Vergers d’Ajoie. Forcément, quand le thermomètre affiche des -4 degrés au petit matin, ce n’est pas bon signe. « Si on ouvre les fleurs, au niveau du pistil, on voit que c’est jaune et ça va brunir ces prochains jours puis tomber. Il y a de fortes chances qu’il ne reste pas beaucoup de fruits cet automne », commente le producteur en disséquant quelques fleurs fraîchement cueillies sur l’arbre.
Reportage dans le verger en fleur
Mais les producteurs de damassine sont habitués à ces aléas. Le risque est élevé car le damassinier est le premier arbre fruitier à fleurir au début du printemps. « Il est donc le premier à souffrir du gel potentiel. On sait que les grosses productions, c’est seulement tous les trois, quatre voire cinq ans », résume Alain Perret. Paradoxalement, ça ne veut pas dire que ce sera une mauvaise année sur le plan économique. « C’est souvent les années sans production où l’on fait les meilleurs résultats car on n’a pas de frais de récolte. En revanche, il faut quand même de temps en temps refaire les stocks ». Cerisiers et pommiers ne sont, eux, pas encore en fleurs. Si le froid ne perdure pas, ils devraient donc être épargnés. /jpi