Les entreprises qui participent aux affaires compensatoires d’acquisitions d’armement présentent une activité de recherche plus intense ainsi qu'un volume et une dynamique d’exportations plus importants que les secteurs comparables. L'industrie suisse en profite. Telle est la conclusion d’une étude indépendante de BAK Economics, commandée par l'Office de l'armement armasuisse pour vérifier l’effet de ce mécanisme et présentée ce lundi dans une entreprise de Boudry.
Dans le domaine des affaires d’armement à l’étranger, les fabricants doivent compenser une partie ou la totalité du volume de commande par des commandes passées à des entreprises suisses. Un levier qui permet aux entreprises, principalement les PME, de bénéficier du transfert de technologies et d’entrer sur le marché international.
Martin Sonderegger, directeur d’armasuisse
Pour illustrer les bénéfices des affaires compensatoires, armasuisse avait choisi ce lundi de présenter les résultats de l’étude dans les locaux de l’entreprise neuchâteloise Systems Assembling SA. Spécialisée dans la fabrication de câbles, elle a profité de ce mécanisme pour entrer dans le marché international des avions de chasse.
Markus Niederhauser, membre du Conseil d’administration de Systems Assembling SA, a été pendant 16 ans le propriétaire de cette entreprise installée à Boudry
Pour Markus Niederhauser, entrer sur ce marché international n’aurait tout simplement pas été possible sans les affaires compensatoires. Un investissement qui paye aujourd’hui, puisque Systems Assembling SA a pu continuer à développer son produit à l’international.
Un milliard injecté dans l'industrie suisse
Selon l’analyse des données, 616 affaires compensatoires ont été totalisées au cours de la période étudiée de 2018 à 2021, auxquelles 194 entreprises suisses ont participé. Le volume total de commande s’élevait à environ 1 milliard de francs.
Environ 8% du volume de commande peut être attribué à des affaires compensatoires directes, pour lesquelles la prestation économique de l’entreprise suisse bénéficiaire a été directement intégrée dans l’armement acquis. Pour la majeure partie (92%) du volume des affaires compensatoires, il s’agissait d’affaires compensatoires indirectes, entre autres sous forme de mandats industriels et de recherche, de transferts de technologie et de savoir-faire ainsi que de soutien marketing.
L’analyse montre que les entreprises qui participent aux affaires compensatoires affichent une intensité de recherche, un volume et une dynamique d’exportations plus élevés que les secteurs comparables. Avec les données obtenues, il n’a toutefois pas été possible d’établir un lien de causalité statistiquement fondé entre les affaires compensatoires et les différents paramètres d’impact sur l’économie nationale.
Affaires importantes pour les entreprises
Les entreprises, surtout les PME, considèrent les affaires compensatoires comme importantes, selon le sondage. Pour certaines, les affaires compensatoires ont permis de réaliser environ 7% d’exportations supplémentaires (PME 8,5%; grandes entreprises 2,5%).
Enfin, l'analyse montre que l'industrie suisse est bien positionnée dans les technologies liées à la sécurité. Dans la plupart de ces dernières, les entreprises suisses ont progressé plus fortement que la moyenne mondiale (en excluant la Chine) et que la majorité des pays de référence en matière de brevets et de brevets de classe mondiale.
Près d’un brevet sur quatre (23%) développé par des chercheurs suisses fait partie des brevets dits de classe mondiale. La Suisse se place ainsi au premier rang en termes d’efficacité de la recherche. La part du nombre total de brevets actifs au niveau mondial est de 0,4% dans les domaines technologiques liés à la sécurité et de 1% pour les brevets de classe mondiale. Cela signifie que des chercheurs suisses ont été à l’œuvre dans le développement d’un brevet de classe mondiale actif sur cent. /ATS-rgi