Pierre Joly a « mis les voiles »

C’est l’histoire que proposent de raconter les Archives de l’ancien Evêché de Bâle ce samedi ...
Pierre Joly a « mis les voiles »

C’est l’histoire que proposent de raconter les Archives de l’ancien Evêché de Bâle ce samedi à l’occasion du BiblioWeekend. Pierre Joly était un habitant de Courroux. Il a quitté sa région natale en 1756 pour échapper à son procès pour homosexualité

Affiche de citation à comparaître à l'encontre de Pierre Joly, de Courroux, pour crime de sodomie, lue devant le tribunal seigneurial et clouée « sur la table noire » de Delémont du 17 février au 30 mars (un autre exemplaire a été affiché sur la porte du domicile de Joly, à Courroux), 14.2.1756, papier et sceau en cire du prince-évêque de Bâle. Archives de l’ancien Évêché de Bâle, PCrim DT 1756. Affiche de citation à comparaître à l'encontre de Pierre Joly, de Courroux, pour crime de sodomie, lue devant le tribunal seigneurial et clouée « sur la table noire » de Delémont du 17 février au 30 mars (un autre exemplaire a été affiché sur la porte du domicile de Joly, à Courroux), 14.2.1756, papier et sceau en cire du prince-évêque de Bâle. Archives de l’ancien Évêché de Bâle, PCrim DT 1756.

« Mettre les voiles ». C’est sous cet angle que se présente le BiblioWeekend cette année. Et le thème colle plutôt bien à la situation qu’a vécu Pierre Joly, puisque c’est précisément ce qu’il a fait en 1756. Cet habitant de Courroux s’est enfui pour échapper à son procès pour homosexualité, un crime alors passible de la peine de mort. C’est à travers un dossier composé de plusieurs documents historiques que les Archives de l’ancien Evêché de Bâle (AAEB) raconteront l’histoire de ce fils de paysan aux visiteurs ce samedi à Porrentruy. « Il s’agit d’un dossier extrêmement rare, explique Jean-Claude Rebetez, conservateur aux AAEB. Nous n’avons à ce jour que trois exemples de procès pour homosexualité dans nos archives, ce qui est très peu, surtout si l’on compare à d’autres types de délits sexuels. »

Une affaire qui semble embarrasser les autorités

Pierre Joly aurait attiré dans son lit onze jeunes adultes. Neuf d'entre eux ont été condamnés à des peines légères. A la lecture des différents documents, il semble que cette affaire embarrasse les autorités de l'époque. « Je ne peux rien affirmer avec certitude, mais on ressent une forme d’embarras dans le traitement de cette affaire, raconte Jean-Claude Rebetez. A chaque étape de la procédure, on traine, les délais sont longs, sans raison visible. Et puis il y avait aussi une réticence à mentionner le terme de sodomie sur les documents. Car certains pensaient que ce mot pourrait donner de mauvaises idées à la jeunesse qui est censée ignorer tout cela. »

La fuite atténue sa peine

C’est grâce à l’intervention d’un curé de Delémont que Pierre Joly a pu s’enfuir à temps pour éviter la justice. Mais la fuite n'a pas empêché la justice de condamner Pierre Joly. Sur la base des différents témoignages elle l’a reconnu coupable. Cependant, il ne sera condamné qu’à « 30 coups de verge » et non pas à la peine capitale. « Pour qu’il soit condamné à mort, il aurait fallu que la justice puisse recueillir ses aveux également. Mais comme il a fui, cela n’était pas possible, » explique jean-Claude Rebetez. Pierre Joly a vraisemblablement trouvé refuge à Paris.

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/tna


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