La violence domestique abordée par les tout-petits

Par le biais d'un livre et d'un atelier, Solidarité Femmes amène à l'école la sensible thématique ...
La violence domestique abordée par les tout-petits

Par le biais d'un livre et d'un atelier, Solidarité Femmes amène à l'école la sensible thématique des violences domestiques. L'association a également formé les enseignants. Exemple à Moutier

Les enfants ont été invités à exprimer les émotions de la petite Imi, personnage fictif imaginé par Solidarité Femmes. Les enfants ont été invités à exprimer les émotions de la petite Imi, personnage fictif imaginé par Solidarité Femmes.

Elle s’appelle Imi, une petite fille comme les autres qui remarque que sa maman souffre. En cause, des violences commises par son papa. Cette histoire, fictive mais certainement tristement réelle pour nombre d'enfants, est racontée dans un livre imaginé par l'association Solidarité Femmes. L’ouvrage se veut un moyen d’aborder à l’école, chez les plus petits, la problématique très sensible des violences domestiques. Les classes primaires et enfantines de Moutier ont accueilli ces derniers jours un atelier animé par Solidarité Femme Bienne et Région. « Il faut briser le tabou, oser en parler très vite, déjà à l’école. Que les enfants puissent se rendre compte que ce genre de situation n’a rien de normal », insiste Rosalie Julien, psychologue. Dans les classes romandes de 1H à 4H, elle et sa collègue Stefanie Nuozzi expliquent, sensibilisent, écoutent aussi. « Nous restons à disposition après l’animation, pour les parents, pour les professionnels, afin de leur donner des pistes de solutions. »

A la base de cette action lancée par Solidarité Femmes, le froid constat des chiffres. En 2022, près de 20'000 délits dans le domaine de la violence domestique ont été enregistrés selon les statistiques policières. Des actes qui se déroulent bien souvent dans l'intimité de la sphère privée, sur un modèle systématique et imprévisible. Les enfants eux aussi sont victimes, directement ou indirectement. Un lieu où l'on se sent en sécurité, où l'on peut se confier à des personnes de confiance, enseignants ou travailleurs sociaux. Voilà pour la théorie. Mais quel enfant oserait aborder naturellement une situation problématique ? C'est dans le but de leur ouvrir la porte que l'action de Solidarité Femmes a été pensée. En douceur, sans jugement, en mettant des mots clairs sur ce qu'est la violence domestique et en plaçant l'écoute au coeur du processus.

Les enseignants ne sont pas oubliés. Ils ont bénéficié d'une formation spécifique afin de leur donner les outils pour réagir au mieux lorsqu'un enfant ou un parent se confie, ou qu'une situation potentiellement inquiétante est constatée. Enseignante à Moutier, Nathalie Domon remarque que les enfants ne s'expriment pas sur le sujet. Elle applaudit en ce sens la démarche de Solidarité Femmes, qui permet parfois aux écoliers de s'ouvrir, de déposer. Le livre « Imi s’envole » et l'animation qui suit sa lecture les y invitent avec tact. « Vu les statistiques, on peut imaginer que des enfants de nos classes sont confrontés à ces situations de violence. Mais il est rare voire inexistant qu’ils témoignent spontanément. Ce programme leur permet déjà de mettre le doigt sur ce qui est normal et acceptable et ce qui ne l’est pas. »

Rosalie Julien invite les personnes qui vivent ces situations de violence domestique - parents, enfants, enseignants et autres - à ne pas rester seules. « Il faut pouvoir chercher de l’aide, ici à l’école auprès des travailleurs sociaux, des directions, ou même de notre association », souligne-t-elle. En parler, surtout, afin de pouvoir trouver la meilleure intervention possible. 

Le livre « Imi s’envole » est disponible à la commande sur le site de l'association Solidarité Femmes Bienne et Région. /oza


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