Erdogan, maître de la Turquie pour cinq ans de plus

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Erdogan, maître de la Turquie pour cinq ans de plus

L'indéboulonnable Recep Tayyip Erdogan a été confirmé dimanche pour cinq années supplémentaires à la tête de la Turquie. Analyse de cette réélection avec le professeur en histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel, Jordi Tejel

Jordi Tejel, professeur en histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel analyse la réélection d'Erdogan à la tête de la Turquie. Photo : Archives. Jordi Tejel, professeur en histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel analyse la réélection d'Erdogan à la tête de la Turquie. Photo : Archives.

Il s’agissait d’un deuxième tour inédit pour le président turc Recep Tayyip Erdogan. Dimanche, ce dernier a été réélu à la tête du pays après déjà 20 ans passés au pouvoir. Son rival, Kemal Kiliçdaroglu, n’a pas su convaincre, malgré ses promesses de « démocratie apaisée ».

S’il s’agit d’une victoire pour Erdogan, sa politique a toutefois été vivement critiquée, ce qui a donné lieu à ce deuxième tour dans la présidentielle. « C’est peut-être un signe d’épuisement de son projet politique », constate Jordi Tejel, professeur titulaire en histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel.

Jordi Tejel : « Erdogan a ramené le débat là où ça l'arrangeait. »

Selon les résultats portant sur plus de 99,85% des bulletins, le chef de l'Etat a obtenu 52,16% des suffrages contre 47,84% au candidat social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu de 74 ans. Considéré par beaucoup, y compris au sein de son alliance d'opposition, comme terne et sans charisme, M. Kiliçadaroglu n'a pas su profiter de la crise économique pour rafler la victoire.

Selon Jordi Tejel, son erreur a peut-être été de jouer la carte du nationalisme imposée par Erdogan. Cela lui a fait perdre une partie de sa crédibilité par rapport à son programme. « Il a radicalement changé de discours dans l’entre-deux-tours. Des personnes qui auraient voté contre Erdogan se sont alors posées des questions. »

Jordi Tejel : « Tant que l’opposition n’aura pas de programme plus cohérent, il sera difficile de contrecarrer l’hégémonie de l’AKP. »

Durant la campagne, Kemal Kiliçdaroglu a été largement privé d'accès aux grands médias et surtout aux chaînes de télévision officielles, qui ont réservé soixante fois plus de temps d'antenne à son rival, selon l'organisation Reporters sans frontières.

« On peut parler d’élections inéquitables pour l’opposition qui n’a pas pu faire entendre sa voix », analyse Jordi Kejel. « Malgré cela, Kemal Kiliçdaroglu a obtenu le soutien de 47% des voix. On voit que, même avec ce contrôle des moyens de communication, Erdogan a été contesté. »

Jordi Tejel : « On peut se demander quelle est la marge de manoeuvre d'Erdogan au niveau économique. »

Dans les cinq années à venir, la question de l’économie sera passablement importante, selon le professeur. « Pour faciliter sa réélection, Erdogan a puisé des réserves de la banque centrale de la Turquie, afin de donner un semblant de normalité et stimuler l'économie du pays. Le problème est que ces réserves sont maintenant quasiment épuisées », explique le spécialiste. Le fonds monétaire international a déjà laissé entendre qu’un programme serait bienvenu dans le pays. Mais, pour l’instant, Erdogan s’y oppose. « A voir donc combien de temps il peut résister à ces injonctions », se questionne Jordi Tejel. /ats-cde


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