Que s'était-il passé?
Il y a dix ans, jour pour jour, le 25 janvier 2006, les employés de Swissmetal Boillat se mettaient en grève pour la seconde fois en moins de deux ans. Ils reprochaient à la direction de ne pas avoir respecté le protocole d’accord fixé en 2004. Une direction qui avait décidé la suppression de 27 postes de travail dont 14 à Reconvilier. La goutte d’eau qui fait déborder le vase ce 25 janvier 2006 : Martin Hellweg, directeur de l’époque, pose à Dornach la première pierre du bâtiment destiné à accueillir une nouvelle presse. Excédés, les employés de la Boillat votent le début d’une nouvelle grève.
Dix ans après, que reste-t-il de ce conflit qui a marqué les esprits ? Le dossier de la rédaction. /seb
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Historique de la grève
- Novembre 2004: Le licenciement du directeur de la Boillat met le feu aux poudres. S’en suit une première grève de dix jours avec d’importantes manifestations, certaines attirant jusqu’à 10'000 personnes. Elle s’achève lorsqu’un protocole d’accord est accepté par le personnel. Il stipule notamment le maintien du site de Reconvilier, de nouveaux investissements dans le Jura bernois, ainsi que la nomination d’un directeur régional.
- Novembre 2005: La nouvelle stratégie de Swissmetal, qui prévoit une délocalisation du secteur fonderie en direction de Dornach fait remonter la tension d’un cran début.
- Janvier 2006: la direction annonce la suppression de 27 postes de travail, dont 14 à Reconvilier. Le 25 du même mois, le directeur de l’entreprise, Martin Hellweg, pose la première pierre du bâtiment destiné à accueillir une nouvelle presse, déclenchant une nouvelle grève qui va durer 37 jours.
La grève s'achève
Plusieurs rencontres vont se dérouler au CIP à Tramelan. La première se tient le 27 février : les employés votent et acceptent de poursuivre la médiation. La reprise du travail est décidée pour le 1er mars. A cause de problèmes techniques, les ouvriers recommenceront le 2, après 37 jours. 21 cadres de l’entreprise ont été licenciés pendant cette période. De nombreux pourparlers seront encore nécessaires.
Et après la grève?
- Avril 2006: un expert indépendant, Jürg Müller est chargé de trouver des solutions aux dysfonctionnements de la Boillat. Ses propositions conviennent à la direction de Swissmetal et au syndicat UNIA. Mais les ouvriers demandent un sursis pour émettre des contre-propositions. Sursis que Swissmetal décide de ne pas leur accorder.
- Juin 2006: La société met fin à la médiation. De nombreuses manifestations seront encore menées par la suite. La bataille s’est aussi poursuivie devant les tribunaux.
- Mars 2008: une partie des 21 cadres licenciés dans le conflit Swissmetal ont été indemnisés.
- Décembre 2012: la Boillat passe en mains chinoises.
Retour en son avec Alexandre Steiner
"C'était difficile, parce qu'on avait vraiment le cul entre deux chaises, voire trois. Moi, le Conseil municipal de l'époque et plusieurs personnes, on avait cette volonté de protéger et de développer cette magnifique production qu'était la Boillat, face à des gens qui n'y connaissaient pratiquement rien et qui étaient là uniquement pour faire de l'argent."
"S'il fallait recommencer aujourd'hui, si j'étais en âge de recommencer une telle chose, je le referais parce que face à de tels personnages, il ne faut jamais abandonner. Il faut toujours, au moins, essayer de lutter."