Une dizaine de collaborateurs ont saisi le Groupe de confiance en raison d’un climat de travail dégradé. Appelé au printemps à intervenir dans cette affaire, le Conseil d’État neuchâtelois a bon espoir d’apaiser les tensions en privilégiant le dialogue
La Chancellerie d’Etat du Canton de Neuchâtel traverse d'importantes turbulences. Une dizaine de collaborateurs de l’entité ont saisi le Groupe de confiance, organe de médiation de l’administration, pour se plaindre d’un climat de travail dégradé.
Des sources internes, corroborées par de multiples témoignages externes évoquent un management autoritaire, allant jusqu’à du harcèlement de la part de la direction de la Chancellerie. Les reproches visent la chancelière Séverine Despland et dans une moindre mesure le vice-chancelier Pascal Fontana. La situation aurait incité plusieurs employés à quitter leurs fonctions à l’Etat alors que d’autres sont encore en poste.
Ce printemps, au vu de l’ampleur de l’affaire, le groupe de confiance a sollicité le gouvernement. Laurent Kurth, le président du Conseil d’Etat - dont dépend la Chancellerie - admet l’existence de vives tensions et assure prendre la situation très au sérieux. L’élu refuse toutefois d’entrer dans le détail des reproches formulés par les collaborateurs, leur ayant « promis de tenir la confidentialité sur l’ensemble des propos rapportés».
Dans un entretien accordé jeudi à son bureau, il nous confirme avoir rencontré à deux reprises la dizaine de collaborateurs concernés en présence d’un collègue de l’exécutif. La question a également été thématisée avec la direction de la Chancellerie. Une séance a finalement eu lieu avec l’ensemble du personnel de l'unité.
À la suite de ces consultations, Laurent Kurth affirme que plusieurs mesures ont été prises et sont toujours en cours. Sans les détailler, il nous confirme avoir fait appel à un coach externe pour rétablir un climat de travail sain. Reste que durant ce processus, il n’a jamais été question de mesure disciplinaire à l’encontre de la direction de la Chancellerie ou de qui que ce soit : « après avoir entendu tout le monde et en prenant très au sérieux une souffrance exprimée que je ne veux pas contester, je n’ai pas aujourd’hui de coupable désigné de cette situation ». La voie douce est d’autant plus privilégiée, que Laurent Kurth juge que les prestations de la Chancellerie sont de qualité et ne doivent pas être remises en cause.
Notre entretien avec Laurent Kurth
Le président du Conseil d’Etat souligne aussi que ces tensions sont le résultat d’un contexte qui dépasse la question des personnes : à l’instar d’autres unités de l’administration, les contraintes budgétaires et les réformes engagées à la Chancellerie mettent les cadres et les collaborateurs sous une pression importante.
Incidences pour la cellule de communication
Toujours selon nos sources, la mise en route de la nouvelle cellule de communication alimente aussi les tensions à la Chancellerie et des critiques à l’externe se font entendre. Un observateur estime que la Chancelière aurait tendance à brider son équipe : « c’est un frein à main, tout passe par elle », empêchant les membres de la cellule d’avoir un accès direct aux interlocuteurs de l’Etat. D’autres jugent que « la fusée n’a pas décollé », en référence au slogan posé par le Conseil d’Etat au moment de recruter le personnel de la communication : Décrocher la lune pour Neuchâtel.
De plus, nos sources relèvent que le partage des rôles n’est pas toujours clair avec le mandataire chargé de mettre sur pied la nouvelle équipe. Cet expert vaudois travaille à l’heure actuelle toujours pour l’Etat avec des missions de coaching personnalisé auprès de plusieurs membres de l'exécutif. Laurent Kurth admet que « quelques téléscopages » ont pu avoir lieu avant l’été, alors que l’équipe de communication devient pleinement opérationnelle, mais il entend bien profiter de son année de présidence pour peaufiner la mise en place de cette cellule. /aju-gwe