Le Doubs peut se réjouir d'avoir une eau de très bonne qualité par rapport à la majorité des rivières suisses. C’est ce qui ressort d’une vaste analyse menée l’an dernier par l’Institut fédéral des sciences et technologies de l’eau sur la partie jurassienne, à St-Ursanne et Ocourt. Les moyens et les techniques utilisés ont d’ailleurs permis une étude d’une précision jusque-là inégalée.
Quantités dérisoires à première vue, mais déjà nocives pour la biodiversité
Globalement, les quantités de micropolluants sont très faibles. Mais au milieu de cette eau globalement de bonne qualité, des substances aux noms imprononçables sont venues quelque peu noircir le tableau. Cypermethrin, Deltamethrin, Permethrin, Tefluthrin, Transfluthrin, ce sont des Pyréthrinoïdes. En clair, des produits que l’on retrouve dans des insecticides particulièrement toxiques. Les concentrations décelées dépassent les critères dits « de qualité » légalement définis. Pour la substance la plus dangereuse, la Deltamethrin, c’est seulement l’équivalent d’un morceau de sucre dilué dans le lac de Bienne. Voilà qui paraît dérisoire à première vue, mais c’est déjà un problème pour les experts.
Christophe Badertscher, responsable des eaux à l’Office jurassien de l’environnement
« Comme si on faisait fumer une cigarette par jour au Doubs »
« C’est juste de dire que ce n’est pas extrêmement dangereux. C’est comme si on faisait fumer une cigarette par jour au Doubs. Ce n’est pas un problème sur le court terme, mais ce n’est pas sain. Avec ces concentrations-là, ces substances ont le potentiel d’être malsaines pour les organismes, mais pas de créer un désastre écologique. Mais sur le long terme, oui on peut avoir des soucis pour la biodiversité », explique Christophe Badertscher, responsable des eaux à l’Office jurassien de l’environnement. En résumé, pas de quoi décimer la faune aquatique dans l’immédiat, mais il faut quand même agir. Certaines de ses substances sont utilisées dans l’agriculture, d’autres pas du tout selon Christophe Badertscher. L’Office jurassien de l’environnement va donc se rapprocher prochainement des autorités neuchâteloises, fédérales et françaises pour définir d’où viennent ces substances pour ensuite les réduire, voire les éliminer. /comm+jpi