Frédéric Hainard est-il le chevalier blanc qui œuvre pour la République ou le shérif pour qui la fin justifie les moyens ?
L’ancien conseiller d’Etat neuchâtelois a comparu lundi devant le Tribunal de police de Neuchâtel dans l’affaire dit Olivia. Il est prévenu d’abus d'autorité, de contraintes, d’usurpation d’identité et de faux dans les titres. Sa collaboratrice de l’époque au Service de surveillance et des relations du travail et ancienne maîtresse, qui devait aussi être sur le banc des accusés, ne s’est pas présentée. Elle a fait valoir une dispense de comparution. Selon le psychiatre qui la suit, son état de santé s’est aggravé à l’approche de l’audience de lundi. II n’est pas exclu qu’elle ne soit jamais en mesure de comparaître. Pour cette raison, le juge a décidé de prononcer la disjonction du dossier. Frédéric Hainard a été entendu seul dans le cadre de cette procédure.
Coup dur pour la partie plaignante
L’absence de la prévenue est un coup dur pour la partie plaignante. D’autant plus que le procureur a également brillé par son absence. Il s'est lui aussi désisté pour raisons médicales. Les mandants des plaignants ont tenté de faire ajourner le procès, sans succès. Il faudra se satisfaire du réquisitoire remis par écrit et qui demande une peine de 90 jours amende avec sursis pendant deux ans.
Frédéric Hainard se dit innocent
Tout au long de son audition, Frédéric Hainard n'a cessé de minimiser sa participation aux faits qui lui sont reprochés. Il n’a pas hésité à traiter un témoin de menteur. L’ancien conseiller d’Etat a répété à plusieurs reprises avoir agi dans le champ d’application des compétences que lui octroyait sa fonction de l’époque.
Il a martelé n'avoir agi qu'en tant qu'observateur lors des nombreuses auditions d'Olivia, de sa fille et de l'ami de sa fille. Il n’a jamais posé de question, n’a jamais demandé à Olivia si elle « faisait la pute ». Les témoins qui disent le contraire sont des menteurs. Quant aux faux dans les titres, il admet que son titre ou sa signature manquent sur certains procès-verbaux. Mais il ne s’agit là que d’oublis dus au stress. Il a une nouvelle fois répété que l’affaire Olivia était une manœuvre politique pour lui nuire.
Son avocat estime que le volet judiciaire de l'affaire Hainard est bien maigre. Il a plaidé l’acquittement. Il estime que son client a agi avec proportionnalité dans cette affaire. Il a ajouté que s’il devait être reconnu coupable d’abus d’autorité, ce verdict ouvrirait la porte à toute une série de plaintes pénales à l’encontre des policiers dans l’exercice de leurs fonctions.
Recours dans l’air
Pour les avocats des trois plaignants, Frédéric Hainard était prêt à tout pour arriver à ses fins, faisant fi de la proportionnalité, allant jusqu’à humilier leurs clients. Le rôle d’un conseiller d’Etat est certes de veiller à ce que ses services fonctionnent. Aller sur le terrain pour se rendre compte de la réalité est une bonne chose. Mais « quand un homme politique descend dans l’arène avec sa maîtresse pour s’adonner à des actes qui vont au-delà de la proportionnalité, il faut une juste punition ».
Pour la partie plaignante, Frédéric Hainard ment. Il est dans le déni depuis le début de cette affaire. Les avocats de la partie plaignante demandent au juge de suivre le Ministère public. S'il n'est pas reconnu coupable, ils pourraient bien faire recours, notamment en raison de l'absence du procureur.
L’une des questions qui va occuper la Cour, c’est de savoir si la proportionnalité a été respectée dans cette affaire ou si Frédéric Hainard est allé trop loin.
Le verdict doit être rendu vendredi à 10 heures. /sma