Les citoyennes et citoyens jurassiens ne voteront pas de sitôt de manière électronique. Le parlement a finalement refusé hier (mercredi) à trois voix près d’introduire progressivement cette option. En un mois, la majorité a donc changé de camp, le jour même où la Confédération propose d’inscrire durablement le vote électronique dans les droits politiques. Pour Gabriel de Weck, les élus cantonaux ont cédé inutilement à la peur. Son commentaire :
La prudence est parfois mauvaise conseillère. Surtout quand elle fait fi de 15 années d’expériences fructueuses dans dix cantons suisses, dont Berne et Neuchâtel. Ça représente 300 essais réussis de votes électroniques. La Confédération, dont on peut penser avec raison, qu’elle ne prend pas la chose à la légère propose d’ailleurs de mettre fin à la phase de test, et d’inscrire le vote en ligne une fois pour toute dans la loi. Il sera considéré comme le 3e canal de vote après l’urne et le courrier. Manifestement, ce ne sont pas des garanties suffisantes pour calmer l’anxiété des députés jurassiens. 32 élus pour qui le risque de voir notre démocratie prise en otage par des hackers ou des intérêts privés est décidément trop grand. Effarouchés par Car Postal, ils prêtent à La Poste et ses sous-traitants, de possibles mauvaises intentions. En voilà un bon mélange des genres et un manque de cohérence. Va-t-on interdire le vote par correspondance car c’est La Poste qui achemine le courrier ? Et quelles intentions prêter à Google Facebook Amazon et Apple, omniprésents dans le quotidien de tout un chacun ? Là est le véritable enjeu ! Rien ne sert de mettre la sécurité du vote en question. On est bien capable d’assurer des paiements en ligne sans que quiconque ne trouve à redire... à moins que les carnets jaunes aient encore la cote dans les travées du parlement. Non ce qui importe, c’est de protéger les citoyennes et citoyens avant les scrutins. Car si les actualités récentes nous enseignent bien quelque chose, c’est que le risque de manipulation se joue avant tout dans l’opinion, durant les campagnes sur les réseaux sociaux. Mieux vaut lutter contre les informations toxiques, les déchaînements de haine en ligne plutôt que de freiner l’inéluctable et nécessaire numérisation de l’administration.