Continuer à scolariser les élèves secondaires de la Couronne à Moutier ou aménager une nouvelle école à Grandval : un vote de principe aura lieu le 12 mars. Sur le terrain, les arguments fusent de part et d'autre
Suivre l’école secondaire à Moutier ou dans une nouvelle institution à créer à Grandval : les citoyens de la Couronne prévôtoise exprimeront leur préférence le 12 mars à l’occasion d’un vote de principe. Les deux projets sont viables comme l’a souligné un groupe d’experts. Si une école secondaire devait être créée à Grandval, quatre classes sont prévues pour des effectifs compris entre 70 et 80 élèves au total. L’association la Couronne Unie, fondée fin 2022, privilégie l’aménagement d’une nouvelle école dans le Cornet en collaboration avec Valbirse. Elle a exposé mardi ses arguments.
Dans la continuité
« Une idée logique, évidente, et pleine de bon sens ». C’est en ces termes que La Couronne Unie défend le projet d’école secondaire à Grandval. Moutier rejoindra le Jura en 2026. Il est donc normal de vouloir bénéficier de sa propre école selon les membres de l’association. Ces derniers parlent d’une continuité intégrale. Un de leur porte-parole, Emmanuel Von Allmen, ne s’inquiète surtout pas d’une évolution négative des effectifs.
Même sérénité pour l’enseignement, ceci malgré la pénurie de personnel qualifié et des professeurs qui pourraient être amenés à pratiquer sur deux sites, à Grandval et à Malleray. Florence Minder, une autre porte-parole de la Couronne Unie, y voit même une opportunité pour celles et ceux qui opteraient pour un tel poste.
Une petite école, de petites classes. L’association La Couronne Unie n’y trouve aucun désavantage pour les écoliers. Pour Florence Minder, c’est même tout le contraire. Les élèves et les enseignants pourront selon elle mieux communiquer, s'écouter et s'entraider.
Une école secondaire à Grandval, avec sa petite taille, pourrait toutefois induire une certaine mixité. Des écoliers de niveaux différents devraient ainsi se retrouver dans une même classe. Les opposants au projet y perçoivent un danger en termes de formation. Emmanuel Von Allmen conteste. Lui-même a suivi des leçons dans un environnement mixte sans que cela lui pose le moindre problème.
La Couronne Unie insiste : ses motivations ne sont pas politiques. La Question jurassienne est derrière, affirme-t-elle. Pas question non plus de critiquer l’enseignement distiller actuellement à Moutier. L’association défend l'idée que la création d’une école secondaire bernoise, pour des villages du Jura bernois, pourra tout simplement contribuer à rendre la région plus forte et indépendante. Elle met aussi en avant les aspects financiers. Selon elle, le projet Grandval sera moins coûteux pour les collectivités publiques.
L'association La Couronne Unie n'a pas été créée pour faire campagne en vue de la réorganisation de l'école secondaire. Elle entend renforcer les liens entre les communes de la Couronne prévôtoise, ceci à tous les niveaux. De gauche à droite : Florence Minder, Fritz Lehmann, Johanna Aebischer et Emmanuel Von Allmen.
Grandval, une micro » école secondaire
Des garanties à Moutier contre des incertitudes à Grandval dans ce qui serait une « micro » école secondaire, la plus petite du Jura bernois. Voilà le fil de rouge de l’argumentaire des partisans du maintien des écoliers secondaires dans la cité prévôtoise. Leurs inquiétudes se cristallisent tout d’abord sur les effectifs de la potentielle future école dans le Cornet. Quatre classes, 70 à 80 élèves selon les projections. Sur la durée, rien n’est acquis selon la porte-parole Sophie Walpen-Roth. Celle-ci remarque déjà des complications en se penchant sur les effectifs actuels de la 2H.
Il faudra aussi trouver des enseignants pour cette nouvelle école. Ceci dans une période où l’on parle plutôt de pénurie de personnel qualifié. Avec un système d’école qui prévoit une collaboration avec Valbirse, Coralie Minder, elle-même enseignante, s’interroge sur l'attractivité des postes à pourvoir.
Revient aussi la question de la dynamique de classe. Traverser sa scolarité avec les mêmes camarades, de la 1H à la 11H, n’est pas forcément optimal selon Sophie Walpen-Roth. Changer de classe et d'école amène selon elle une nouvelle étape importante pour le développement de l'enfant.
Sophie Walpen-Roth relève encore que certaines classes seront mixtes en termes de niveau d'élèves. On retrouvera ainsi des écoliers de niveau P avec des M, parfois même des G. Là encore, le modèle est sujet à inquiétudes. Pour le collectif, cette hétérogénéité ne pose pas de problème à l'école primaire. C'est différent au secondaire.
Coralie Minder et Sophie Walpen-Roth l’assurent : privilégier un maintien des écoliers secondaires de la Couronne à Moutier, c’est mettre la priorité sur leur bien-être. Elles aussi écartent tout positionnement idéologique sur fond de Question jurassienne. Les deux représentantes ajoutent encore que le plan d’étude romand - qui prévaut tant dans le Jura bernois que dans le Jura - sera suivi et que des accords intercantonaux existent d’ailleurs. Elles aussi s'interrogent, enfin, sur les coûts du projet de Grandval, estimant que ceux-ci pourraient gonfler si les effectifs venaient à diminuer à l'avenir. Et de conclure : « Pourquoi changer quelque chose qui fonctionne ? » /oza