Longtemps directeur général de l'Hôpital du Jura bernois, le Prévôtois partira en retraite à la fin du mois de mai après 39 ans de carrière au sein de l'institution. Il se remémore un parcours jalonné de difficultés, mais aussi de succès probants
C’est une page qui se tourne à l’Hôpital du Jura bernois (HJB), et même plutôt un livre qui s’apprête à se refermer. Après 39 ans de carrière au sein de l’institution, Dominique Sartori partira en retraite à la fin du mois de mai. Longtemps directeur général, actuellement directeur du Pôle Santé Mentale de la nouvelle organisation Réseau de l’Arc SA, il aura connu toute l’évolution de l’hôpital depuis son arrivée en 1984. Des évolutions ou plutôt des révolutions. C’est qu’à l’époque, les hôpitaux de Moutier et de St-Imier fonctionnaient de manière autonome. « Il y a aussi un grand changement dans le système de financement des hôpitaux. Ces derniers sont peu à peu devenus des entreprises, non pas de manière voulue mais par des pressions externes fortes portées par le législateur, le règlement en vigueur ou les moyens financiers », se souvient-il. Tous les hôpitaux suisses ont alors dû se remettre en question. « Il y avait un hôpital tous les 30 kilomètres ou à 30 minutes de distance les uns des autres, un modèle hérité de l’après-guerre. Tout ça devait être remis en question. »
« Apprendre à rentabiliser autrement un hôpital »
Le poids relatif de la Question jurassienne
L’HJB a toujours su traverser les turbulences. La fusion de Moutier et St-Imier a été l’une des clés de cette réussite, assure Dominique Sartori, qui évoque notamment d’importantes économies liées aux synergies entre les deux sites. La Question jurassienne a ajouté une part de difficultés et d’incertitudes dans le pilotage de l’institution, mais l’ancien directeur général relativise son impact. « Je me suis tout de suite placé dans une situation d’apaisement, de médiateur, et tenter de faufiler cet hôpital le mieux possible dans ce contexte. Eviter aussi un tumulte disproportionné à l’interne. Je crois qu’on a finalement traversé cette période de manière optimale. »
« Je crois avoir pu maintenir un équilibre, une tranquillité »
« Les soins intégrés, une chance phénoménale »
Aujourd’hui, le groupe Swiss Medical Network est devenu l’actionnaire majoritaire de l’HJB. L’assureur Visana est aussi entré au capital-actions. HJB SA est devenu Réseau de l’Arc SA, avec un modèle de soins intégrés qui se veut novateur. Dominique Sartori s’en réjouit : « Notre système de santé s’essouffle, il dysfonctionne. Les soins intégrés représentent à ce titre une chance phénoménale, d’autant plus que notre région a la possibilité de tester ce modèle », rappelle-t-il. Le directeur est bien conscient qu’une révolution politique est longue et fastidieuse. Aussi, la preuve par l’exemple représente pour lui la meilleure façon de provoquer un changement de paradigme à large échelle. « L’exemple devient modèle et peut donner aux autres l’envie de franchir le pas. »
« Peut-être la seule porte de sortie »
Homme de valeurs et convictions, Dominique Sartori quittera donc le navire à la fin du mois de mai. Il entend se consacrer à deux de ses passions glissées au fond du tiroir depuis son enfance : l’écriture et la musique. « Mon fils m’a poussé à prendre des cours de violoncelle, un instrument qui me fascine », sourit-il. Le futur retraité envisage aussi de ressortir une plume qu’il a, de son aveu, trop souvent délaissée ces dernières années, pourquoi pas pour l’un ou l’autre projet à vocation publique.
La direction du Pôle Santé Mentale du Réseau de l’Arc reviendra à Sandra Roulet. Une réorganisation plus large pourrait intervenir au niveau des organes dirigeants, selon Dominique Sartori. /oza