Pour être représentée sous la Coupole fédérale, la minorité francophone du canton devra se mobiliser aux urnes. Plusieurs actions sont entreprises pour doper un taux de participation souvent insuffisant
A peine 37% de participation dans le Jura bernois, 39% dans l’arrondissement de Bienne. C’est le score peu reluisant atteint dans la région en 2019 à l’occasion des dernières élections fédérales. C’est environ dix points de moins que la moyenne cantonale. Tout est entrepris cette année pour corriger le tir, mais une question se pose : pourquoi est-ce si compliqué dans la Berne francophone d’amener les citoyens aux urnes pour cette échéance fédérale ? Les francophones représentent 10% de la population du canton. Ils pourraient donc prétendre mathématiquement à 2 voire 3 sièges au Conseil national. Pourtant, la région peine à en maintenir ne serait-ce qu’un seul. Une citoyenne interrogée dans la rue se montre résignée. « Nous sommes habitués à n’être que peu ou pas représentés. Il faut faire avec », souffle-t-elle. D’autres se sentent trop éloignés d’une politique fédérale parfois insaisissable. « Je préfère voter au niveau communal, pour des personnes et des objets que je connais », avoue un habitant de la région.
Un micro-trottoir vaut ce qu’il vaut, mais le constat reflète une certaine réalité. D'autres réactions obtenues hors micro viennent l'appuyer : désintérêt, résignation, une forme de honte aussi de ne pas voter, de ne pas se sentir concerné. Pour 2019, le mal est fait. Pour 2023, de nombreuses actions sont menées pour doper la participation.
L'association Jura bernois.Bienne donne le ton
L’association de communes Jura bernois.Bienne (Jb.b) en a fait une priorité. Un baromètre électoral a été mis en place, sorte de petite stimulation qui permet de voir en temps réel la participation dans chaque commune. Qui est champion ? Qui hérite du bonnet d’âne ? « Cela peut inciter les citoyens à voter », estime André Rothenbühler. Le directeur de Jb.b reconnaît que la situation est difficile, avec pléthore de candidats dans le canton de Berne, des francophones parfois noyés dans les listes, un matériel de vote tellement dense qu’il s’apparente à un dictionnaire. Tout cela peut décourager. Mais pour André Rothenbühler, le combat est perdu d’avance, surtout dans le contexte régional actuel et toute l’émulation autour du projet Grand Chasseral par exemple. « Sans relais à Berne, tout sera plus compliqué. »
André Rothenbühler : « Notre région est dans une dynamique positive »
Au coeur des attentions, les partis politiques ont eux aussi compris l'importance d'agir. Tous se sont affichés main dans la main pour appeler à voter, à droite, à gauche, au centre. Peu importe. La démarche est originale. Le libéral-radical Jean-Luc Niederhauser est l’un des instigateurs de cette union sacrée, cet appel du cœur à aller voter. Il explique qu'il n'a pas été difficile de fédérer les politiciens autour de ce projet.
Jean-Luc Niederhauser : « Une démarche totalement laïque »
Le manque de participation est pointé du doigt. Mais est-il vraiment le seul problème, la seule cause à cette sous-représentation des francophones bernois au Conseil national ? Jean-Luc Niederhauser répond par la négative. Les candidats francophones, minoritaires, ne sont pas ou peu connus dans la partie alémanique du canton. « On doit en faire davantage que les autres. C'est un challenge, mais on peut y arriver si on travaille bien », relève-t-il. Idéalement, il aurait aussi été positif de cumuler les candidats francophones sur les listes. « Ce n’est toutefois pas toujours simple et justifiable vis-à-vis d’autres candidats. »
Toujours selon Jean-Luc Niederhauser, une bonne participation serait dans tous les cas un levier précieux pour revendiquer, pourquoi pas, un ou deux sièges réservés aux francophones au Conseil national. En attendant, le message de tous les acteurs régionaux est clair. Il tient en deux mots : allez voter ! /oza