Elle a passé des nuits entières dans les maisons closes de Bienne pour rédiger un roman engagé sur le sujet. Rencontre avec une écrivaine régionale qui bouscule les codes
La Biennoise Sabrina Paladino a décidé d’explorer une thématique aussi taboue que mystérieuse pour son 2ème ouvrage. Elle se dévoile ce lundi dans notre chronique Page de vie pour nous parler de son livre « Les Nuits Jaunes », sorti de presse il y a tout juste un mois. La concrétisation de plus de 3 ans de recherches et de création pour la jeune écrivaine, qui a grandi à Courtelary. Elle explique qu'elle a choisi de focaliser son travail sur la prostitution parce que cet univers qui parlait des femmes l'a toujours fascinée. « J'avais envie de toucher un tabou et de faire une écriture plus engagée », relève-t-elle.
« C’était obsessionnel, la réalité était en décalage avec mon travail d’écrivaine »
Pour concrétiser « Les Nuits Jaunes », Sabrina Paladino a récolté énormément de matière sur le terrain. Elle a fouillé dans des archives, des articles de presse, des documentaires mais a aussi rencontré plusieurs travailleuses du sexe qui ont accepté de parler de la prostitution volontaire et de leur rapport à l’intime. Pour cette trentenaire biennoise, barista le jour et écrivaine la nuit, ce processus de création a été extrêmement laborieux et émotionnel… si bien qu’une fois terminé, retrouver un nouvel équilibre de vie n'est pas toujours chose aisée. « Je pensais comme mon personnage principale, j'avais des envies comme Chiara. J'ai dû lui couper la parole, lui couper les jambes et lui dire qu'elle devait s'en aller ».
« C’est difficile d’avoir un processus créatif durant des années et de tout à coup avoir la tête vide… c’est angoissant »
L'ouvrage de Sabrina Paladino sur la prostitution est disponible dans les librairies en Suisse, en France et en Belgique. La Biennoise travaille déjà sur d'autres projets d'écriture avec un troisième roman sur le lien mère-fille, en attente de publication. Elle souhaite également explorer la thématique des immigrés italiens en hommage à sa grand-maman. /nme