Organisée à Courfaivre par la commission de suivi et d’information sur le projet de géothermie à Haute-Sorne, elle a permis aux habitants de faire parte de leurs craintes et interrogations… sans dissiper les nombreuses incertitudes
La réunion publique de la commission de suivi et d'information (CSI) sur le projet de Géothermie a attiré les foules. Près de 200 citoyens, de Haute-Sorne et plus largement du Jura, se sont déplacés jeudi soir à la halle de Courfaivre pour écouter des exposés techniques, mais aussi pour faire part de leurs craintes et questions. Les exposés, parfois très techniques, et les échanges ont duré près de quatre heures et ont surtout porté sur les problématiques de l'eau (quantité et lieux de prélèvements) et les risques de sismicité, les deux préoccupations majeures de la population. Certains ont été rassurés, d'autres pas du tout et les débats ont surtout fait ressortir les nombreuses incertitudes censées être levées par la phase exploratoire qui conditionnera en grande partie la suite du projet.
Les citoyens ont pu faire part de leurs craintes, interrogations et contestations
La réponse « on aura une vision plus claire à la fin de la phase d’exploration » revient souvent. « Que pouvez-vous garantir à l’ensemble de la population de Haute-Sorne et du Jura ? Sur la production de l’eau, sur la production de cette fameuse énergie, vous n'avez rien ! Parce que vous n’avez à ce jour aucune connaissance sur ce qui se trouve à 5km de profondeur », lance un citoyen à l’heure des questions. « C’est un projet de plusieurs millions, il y a de grands spécialistes qui sont là, mais apparemment vous ne savez toujours pas », renchérit un autre.
A la sortie de la réunion publique, les ressentis étaient très partagés
Pour la CSI, l'opération reste réussie alors qu'une réunion similaire destinée aux entreprises locales avait fait flop il y a un mois. « Le but était de rencontrer la population et d’entendre ses préoccupations et ses contestations. Et on voit qu’à certaines questions, les réponses ne sont pas encore satisfaisantes parce que lorsqu’on entreprend un projet comme celui-là, on n’a pas toutes les réponses dès le début. Mais au moins on a un climat de dialogue », se satisfait Pascal Mahon.
Pascal Mahon : « On voit qu’à certaines questions, les réponses ne sont pas encore satisfaisantes »
Les différents garde-fous autour du projet, le contrôle gouvernemental, l’absence actuelle de concession pour puiser de l’eau dans un cours d’eau ont été longuement égrenés. Mais la principale garantie espérée il y a quelques mois encore par de nombreux citoyens était d’avoir droit au chapitre. « On parle d’utiliser des ressources en eau, de nos sous-sols, des matières premières qui au fond appartiennent aux citoyens. Devant autant d’inconnues, devant autant de ressources utilisées qui appartiennent aux gens, pourquoi les citoyens n’ont pas eu le droit d’être consultés ? », exprime avec verve un homme dans l’assistance. « Un sentiment de déni démocratique que la commission devrait aborder pour apporter une réponse », reconnaît Pascal Mahon. /jpi
Citoyens Responsables Jura absent
L’association qui s’oppose farouchement au projet de géothermie profonde à Haute-Sorne n’a pas participé à la séance publique de la CSI. Citoyens Responsables Jura a indiqué dans un communiqué qu’il n’était « pas possible » pour elle d’y prendre part à cause du programme proposé et de l’obligation de s’inscrire au préalable. De plus, CRJ – qui refuse toujours de s’asseoir à la table de la Commission de suivi et d’information pour le projet – dénonce une commission qui « est totalement financée et dirigée par les promoteurs ». /mle