Le canton de Berne tient son budget 2024. Ce dernier présente un bénéfice de 7,6 millions de francs. A l'issue de 7 heures et demi de débat, le Grand Conseil a adopté mardi par 103 voix contre 33 et 12 abstentions un budget qui intègre une baisse de la fiscalité des entreprises de deux dixièmes de points.
La majorité bourgeoise a soutenu la proposition du Conseil-exécutif à ce propos. Elle estime que sans cette mesure, des entreprises pourraient délocaliser leurs activités ou renoncer à venir s'implanter dans le canton de Berne. Pour la gauche, il aurait fallu suspendre cette baisse de la fiscalité et, en contrepartie, allouer de nouvelles ressources à la réduction des primes maladie par exemple. Au vote, l'UDC, le PLR, les Vert'libéraux, le Centre, l'UDF et une partie du PEV ont soutenu cette mesure.
Déçue, la socialiste Maurane Riesen critique le fait de priver le canton d’importantes ressources. Selon les estimations, ce changement se traduira par un manque à gagner de 40 millions de francs par année. « Je pense que c’est vraiment une erreur, ajoute la Neuvevilloise qui siège au sein de la Commission des finances. Nous avons besoin de financer des infrastructures et des services utiles à la population ». Pour elle, cette baisse d’impôts bénéficiera surtout à « ceux qui ont déjà les moyens ».
Maurane Riesen : « C’est un budget anti-social »
Egalement membre de la Commission des finances mais favorable à ce budget, la centriste Christine Bühler tempère. Pour l’habitante de Romont, il s’agit surtout de rendre le canton davantage compétitif. A l’image de nombreux députés bourgeois, elle rappelle qu’au niveau suisse, Berne se situe en queue de peloton en termes de fiscalité des entreprises. Et même avec cette mesure, le canton ne remontera pas au classement. Tout changement, même minime, est bon à prendre selon Christine Bühler.
Christine Bühler : « Nulle part en Suisse les entreprises ne paient autant d’impôts que dans le canton de Berne »
La baisse prévue de la quotité d'impôts des personnes physiques de 0,5 dixième, elle, a été reportée pour figurer dans le plan financier 2025-2027.
Un peu plus pour tout le monde
Le Grand Conseil a toutefois décidé d’aller plus loin que le Conseil-exécutif dans le domaine de l’environnement. Il a accepté d’octroyer 5 millions de francs supplémentaires en faveur de la poursuite du programme d’encouragement pour l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables.
Le budget comprend aussi une hausse salariale de 3,3% pour le personnel de l'Etat et de 3,5% pour le corps enseignant. Un point qui satisfait évidemment Maurane Riesen même si la socialiste estime qu’il s’agit d’un minimum : « Des efforts ont été faits mais pour moi, ils sont logiques. L’année passée, on a vu que lorsqu’on parlait de l’adaptation au renchérissement des salaires, il n’y avait vraiment rien eu, détaille la Neuvevilloise. Là, au moins, un petit effort a été fait ». La socialiste aurait toutefois souhaité que ce renchérissement soit complet et pas « juste partiel ».
« Tout le monde a obtenu quelque chose, mais tout le monde n’a pas tout obtenu », philosophe pour sa part Christine Bühler. La centriste retient surtout que ce budget termine sur un résultat équilibré. D’autant plus que le plan n’intègre pas de distribution des bénéfices de la BNS. La Commission des finances avait expliqué qu'au vu des chiffres actuels, il semble que la BNS ne sera pas en mesure de réaliser le bénéfice requis pour procéder à cette distribution.
Le Gouvernement, de son côté, a établi une planification alternative pour le budget dans l'hypothèse où il y aurait tout de même une distribution des bénéfices. Cela pourrait alors se traduire par une baisse des impôts des personnes physiques déjà en 2024.
Quant aux investissements nets pour l'année prochaine, ils s'élèvent à 534,2 millions de francs. /ATS-amo