Après 25 ans d’activité, tout bascule. TeleBielingue perdra sa concession dès 2025 au profit de Canal B. « Ce choix est une volonté d’affirmer qu’une diversité des médias compte dans la région du Jura bernois-Bienne-Seeland », analyse un spécialiste en économie des médias
Le couperet est tombé le 11 janvier. Dès 2025, TeleBielingue ne recevra plus de subventions de l’Office fédéral de la communication. La chaîne de télévision biennoise a perdu sa concession au profit de Canal B, la petite sœur de Canal Alpha. Pour l’OFCOM, la candidature de cette dernière était « la plus convaincante ». La nouvelle a provoqué le choc de beaucoup d’acteurs comme les autorités biennoises et le Forum du bilinguisme.
Dr Philippe Amez-Droz, Maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève, était l’invité de La Matinale ce mercredi. Le spécialiste en économie des médias estime qu’il n’y a pas de doute à émettre quant au fonctionnement « tout à fait objectif » de l’OFCOM. « Il y a eu, avec la notion de bilinguisme de TeleBielingue, un oreiller de paresse, qui a probablement desservi cette candidature », estime-t-il.
« On ne peut pas reprocher à l’OFCOM d’avoir fonctionné de manière dépréciative pour Bienne, sa région et TeleBielingue »
Souci de la diversité médiatique
Le paysage médiatique en Suisse tend à la concentration, et pas uniquement dans le secteur de la presse écrite, relève Dr Philippe Amez-Droz. Pour souvenir, en 2020, le groupe Gassmann a été racheté par l’entrepreneur valaisan Fredy Bayard. « Il s'est produit quelque chose de symbolique, ajoute le spécialiste. Il y a eu une perte de diversité à Bienne en termes de propriété de médias ». En ce sens, l’octroi de la concession de l’OFCOM à Canal B est une volonté de renforcer la diversité médiatique.
Tentative de dernière chance
TeleBielingue ne baisse pour autant pas les bras. Il a fait savoir mardi qu’il comptait faire recours à la décision de l’Office fédéral de la communication. Une tentative de dernière chance pour conserver sa concession qui a peu de chance d’aboutir, selon Dr Philippe Amez-Droz. « Dans le traitement par l’OFCOM, il n’y a pas de discrimination. C’est la qualité des dossiers qui est examinée », soutient-il.
« Je comprends la déception »
Financement fragile
Avec l’effondrement du marché de la publicité dû à l’essor des réseaux sociaux, la manne de la redevance devient nécessaire à certaines radios et télévisions locales. « Plus de 50% du financement grâce à la redevance, c’est aussi une forme de fragilité », prévient Dr Philippe Amez-Droz. Ce dernier rappelle qu’il faut encore chercher des fonds, soit par la publicité, soit par le parrainage. « La diversification, c’est la sécurité », conclut-il. /ddc